31 décembre 2008

Il y a un an

31 décembre 2007.



« Yes, we can. »

Sur ce, ami lecteur, je te souhaite une excellente année 2009, pleine de surprises, de joie de vivre, de gens biens et de gaufres au parfum de ton choix.

Merci à tous ceux qui ont suivi ce blog au cours de l'an 08. Ne m'oubliez pas durant l'an 09 !

Et en passant, un petit extrait de ce que j'ai reçu à Noël.


Découvrez Air!


À bientôt !

24 décembre 2008

Magie de Noël



Payot-FNAC : 1 partout.
L'année prochaine, j'achète mes cadeaux sur internet.
Pour voir.

Envoyez vos dons dès maintenant à www.glutzenbaum.blogspot.com/pleindefric pour sauver les caissiers surmenés pendant les fêtes (ou pour encourager le complot des coiffeurs qui en veulent à mes cheveux...).

Heureuses fêtes. A bientôt.

Texte et dessin : Glützenbaum

18 décembre 2008

Le paradoxe des petits pains au chocolat

Un peu de gourmandise avant Noël en guise d'apéritif aux dindes et aux bûches que vous allez tortorer durant les fêtes, avec, aujourd'hui, des petits pains au chocolat. Vous connaissez certainement cette fameuse chanson de Joe Dassin, Joe Dassin le forgeur de sons, Joe Dassin le maître, intitulée "Le petit pain au chocolat".
Si ce n'est pas le cas, je vous laisse retomber dans ce tourbillon d'émotions en lisant et en écoutant sur ce blog cette superbe chanson, écrite pour Joe en 1698 par Pierre Delanoë :


Découvrez Joe Dassin!


Tous les matins il achetait
Son p'tit pain au chocolat
La boulangère lui souriait
Il ne la regardait pas

Et pourtant elle était belle
Les clients ne voyaient qu'elle
Il faut dire qu'elle était
Vraiment très croustillante
Autant que ses croissants
Et elle rêvait mélancolique
Le soir dans sa boutique
A ce jeune homme distant

Il était myope voilà tout
Mais elle ne le savait pas
Il vivait dans un monde flou
Où les nuages volaient bas

Il ne voyait pas qu'elle était belle
Ne savait pas qu'elle était celle
Que le destin lui
Envoyait à l'aveuglette
Pour faire son bonheur
Et la fille qui n'était pas bête
Acheta des lunettes
A l'élu de son coeur

Dans l'odeur chaude des galettes
Et des baguettes et des babas
Dans la boulangerie en fête
Un soir on les maria

Tout en blanc qu'elle était belle
Les clients ne voyaient qu'elle
Et de leur union sont nés
Des tas des petits gosses
Myopes comme papa
Gambadant parmi les brioches
Se remplissant les poches
De p'tits pains au chocolat

Et pourtant elle était belle
Les clients ne voyaient qu'elle
Et quand on y pense
La vie est très bien faite
Il suffit de si peu
D'une simple paire de lunettes
Pour accrocher deux êtres
Et pour qu'ils soient heureux

C'est beau. Mais derrière des paroles d'apparence inoffensives se cache un choc contradictoire profond qui révèle insidieusement toute l'angoisse métaphysique contenue dans Joe Dassin, Joe Dassin le précurseur, Joe Dassin le démiurge.

Oui. Le nœud, la faille se dévoile dans la deuxième strophe :

"Il était myope voilà tout
Mais elle ne le savait pas
[…]
Et la fille qui n'était pas bête
Acheta des lunettes
A l'élu de son cœur"

Contradiction. Rupture. On nous dit au début de la strophe que le type était myope mais qu'elle ne le savait pas (aïe aïe aïe aïe aïe). Et juste après, elle lui offre des lunettes, alors qu'il est dit dans le texte qu'elle ignore tout de cette myopie, bordel !
Nous avons donc une boulangère qui ne sait rien mais qui finit par le savoir.

Examinons différentes hypothèses :
La boulangère apprend la myopie du type (appelons-le X) par un tiers : Paraît peu cohérent : pourquoi un tiers parlerait-il de la myopie de X à la boulangère ? De plus, si X ne porte pas de lunettes alors qu'il "vit dans un monde flou" c'est soit qu'il est pauvre, mais dans ce cas il ne s'achèterait pas de petits pains au chocolat à tire-larigot tous les matins, soit qu'il n'assume pas sa myopie et dans ce cas il en parle peu autour de lui et donc les gens ne le savent pas excepté les gens de confiance qui ne vont pas le répéter à la première venue, la boulangère en l'occurrence, soit qu'il ne se rend pas compte de ce trouble de la vision, et dans ce cas s'il n'est pas au courant, je ne vois pas comment autrui aurait pu l'être.
La boulangère devine la myopie de X : Non. Vous allez me dire : oui mais il vient tous les matins dans sa boutique. Oui, mais vu qu'il n'achète qu'un petit pain (au chocolat), il n'a pas besoin de regarder l'étalage ou les prix, si bien que sa myopie peut passer relativement inaperçue vu qu'il reproduit tous les matins les mêmes gestes.
La boulangère pratique la divination : Possible, mais le fait est que la boulangère offre des lunettes à X, et que donc elle sait précisément de quel trouble de la vision X est atteint, et à quel niveau. Un jeu de tarot traditionnel, un thème astral ou les lignes de la main donnent difficilement des informations si complètes.
La boulangère est Dieu : Non. Il est dit clairement qu'"elle ne le savait pas" à un moment, or Dieu sait tout, tout le temps.
La boulangère possède quelques connaissances en ophtalmologie : Oui.

La boulangère possède des connaissances en ophtalmologie, mais d'où ? A-t-elle suivi des études de médecine ? Peu probable, car pour en arriver à se spécialiser en ophtalmologie il faut déjà avoir étudier longtemps la médecine générale, ce qui est long et astreignant, or étant jeune (Dassin l'appelle "la fille" avec une connotation de jeunesse assez claire) et boulangère, il est peu probable qu'elle ait suivi une telle formation. Mais alors d'où tient-elle son savoir ?
Eh bien sans doute d'un membre de sa famille, son père par exemple. Cependant, le savoir médical n'étant pas héréditaire, il a fallu qu'il lui transmette ses connaissances ou qu'elle se les approprie d'une façon ou d'une autre. Père passionnant ? Peut-être. Mais l'enfant comprend mal les sciences complexes et l'adolescent se détache des parents et donc renie les enseignements. Il serait beaucoup plus cohérent que le père soit mort, et que par tristesse la fille ait lu tous ses livres d'ophtalmologie dont il parlait tant jadis alors qu'elle ne l'écoutait jamais. Bref, elle en aurait des remords, et précisons que pour avoir des remords il se peut que son père soit mort dans un contexte douloureux (Guerre du Vietnam, par exemple).

Voilà toute l'hypothèse qui se cache derrière ce texte. Maintenant, pour rendre les paroles cohérentes, on pourra sans problème écrire une strophe explicative et la mettre entre parenthèses entre la deuxième et la troisième strophe :

[...] Et la fille qui n'était pas bête
Acheta des lunettes
A l'élu de son coeur

Car la jeune fille connaissait bien
Nystagmus et xanthelasma*
Sur les déboires de l'œil humain
On ne la lui faisait pas

Car son père avait appris
Tout sur l'ophtalmologie
Mais il était mort
Durant la guerre du Vietnam
Et depuis ce jour-là
Elle relisait tous ses vieux livres
Et vendait, pour survivre
Des petits pains au chocolat

(*Vous en connaissez beaucoup, vous, des termes d'ophtalmologie qui riment en "a" ?)



Voilà.

Texte : Glützenbaum d'après des paroles de Pierre Delanoë écrites pour Joe Dassin, Joe Dassin le génie, Joe Dassin le virtuose.
Dessin et montage : Glützenbaum, qui est décidément passé maître dans l'art du montage dégueulasse sur photoshop.

Bravo à ceux qui sont arrivés jusqu'ici, et à bientôt !